« La densité du vide – Le réel et la fiction dans les œuvres transparentes de Robert Rauschenberg et de Gerhard Richter »
in Les limites de l’œuvre, dir. Michel Guérien, Publications de l’Université de Provence, 2007 (p.141-156)


L’art du XXe siècle, fortement déterminé par la photographie et par divers fantasmes de transparence, a abondamment exploité les possibilités expressives du tableau considéré comme écran-cloison ou comme surface-limite. La parete di vetro, d’abord outil de construction picturale, devient tableau-écran qui propose l’expérience d’un espace diaphane composite.

Exploitant diversement la phénoménologie du reflet, de la translucidité et de l’ombre, Rauschenberg, Pistoletto, Dan Graham, Gerhard Richter, Bertrand Lavier, et plus récemment Cécile Bart ou Laurent Saksik, immergent la représentation dans l’espace de l’architecture, et proposent ainsi au spectateur une expérience fictionnelle de l’espace réel. Depuis les années 1960, les liens anciens entre plan imaginaire et écran translucide accompagnent les conceptions matérialistes de l’image vers une nouvelle définition du tableau de l’après-modernité : il s’agit d’interroger les limites mouvantes du tableau-cloison, qui déterminent aujourd’hui la place du spectateur entre l’image et l’architecture.