« L’œuvre nuée : lumière, couleur et troubles de l’air dans l’art contemporain »
in Faire œuvre, transparence et opacité, dir. Bernard Paquet, Québec, Publicationsde l’Université de Laval, 2009 (p.185-193)
Le brouillard est fréquemment exploité dans les œuvres contemporaines comme métaphore de la perte (perte de vue, perte de soi-même ou de l’autre, perte de sens, etc). Ann Veronica Janssens, Pierre Huyghe et Claude Lévêque utilisent des écrans de fumée pour troubler l’espace diaphane (véhicule du visible selon Aristote). Gerhard Richter et Cécile Bart exploitent les reflets colorés ou des voiles opacifiants pour assombrir le réel ou sa représentation. Ces procédures plastiques de l’à travers et de la densification du vide, liées à la figure du nuage, sont symptomatiques de la difficulté à lire un monde complexe et d’un désir de réinventer la relation à l’autre ; elles révèlent des questions d’identité. Comment s’établit, dans les œuvres de ces artistes qui mettent en scène le voile monochrome et le brouillard, une dialectique contemporaine de la transparence et de l’ombre ?