« La brume et les paradoxes du flou dans les œuvres plastiques
au début du XXIe siècle »
in La brume et le brouillard dans la science, la littérature et les arts, dir. Karin Becker / Olivier Leplatre, Hermann / Météos, 2014 (p. 517-539).
Les nuées et le brouillard envahissent depuis longtemps nos représentations, et les techniques picturales, photographiques ou cinématographiques créent aujourd’hui encore des effets de confusion chez le spectateur, qui conduisent ce dernier à se confronter à l’opacité du visible. Mais la brume est aujourd’hui un opérateur plastique aussi bien dans les représentations bidimensionnelles que dans des installations où elle permet à un spectateur / acteur de faire l’expérience physique d’un lieu où les choses deviennent floues.
Cette étude envisage de manière croisée les enjeux contemporains de ces modes d’immersion (visuelle et/ou physique) du spectateur, dans les représentations brumeuses et dans des dispositifs plastiques à brouillard artificiel. L’hypothèse est que le brouillard, qui place nos sens en alerte, permet aujourd’hui aux artistes de proposer au spectateur une perception altéritaire du monde ; cette dernière se fonde, paradoxalement, sur l’altération, dans une époque où le scintillement médiatique permanent finit par brouiller le sens des images évidentes et des signes injonctifs de tous ordres.