Souffles // Passage de l’art, Marseille // 2010


TEXTE CRITIQUE

Marika Nanquette-Querette, Tirages à quatre épingles

Le Passage de l’Art présente une confrontation entre des pans de l’œuvre de Jean Arnaud, deux séries de photographies et de peintures récentes.

L’homme accepte volontiers lorsque Lyse Madar, présidente de la galerie nichée dans le lycée du Rempart, le qualifie d’« artiste de la confusion ». Michel Motré retenait en 2001 celui « qui agit en révélateur et en médiateur ». C’est entre ces deux témoignages que se situe la démarche de Jean Arnaud : elle trouble, fixe et sillonne. Les Paysages défaillants et les Souffles présentés aujourd’hui déclinent une quête de l’origine de l’image. Une image qui stigmatise et « énigmatise », sondant les multiples états de la matière avec une riche diversité technique. Les peintures, écrans de strates superposés, dévoilent des envers du décor et laissent le spectateur se focaliser sur les jeux formels : il paraît que des animaux sont passés par là ou se cachent. L’installation de photographies, tirées sur papier aquarelle et épinglées au mur (dans un rythme dont la dynamique est ponctuée par l’étonnant accrochage des clichés circulaires), cible les métamorphoses d’une même fenêtre. Le doigt, y écrivant parfois des mots, trace en phylactères une autre dimension entre le support et le paysage lointain. Jean Arnaud immobilise poétiquement son aversion des faits : seul compte le climat et non l’anecdote. On pense alors à Aragon, qui disait : « La poésie est le miroir brouillé de notre société et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l’embue ».